Par Lydie Madonna, une femme marin qui chuchote à l'oreille des pointus...
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Biou – L’autre taxi du 5e Élément
Sur un terrain de Marseille, il attendait la casse.
Un vieux pointu, la coque poussiéreuse, plus très frais.
À ses côtés ? Un drôle de voisin : le vrai taxi jaune du film Le 5e Élément de Luc Besson.
Oui, celui qui vole au-dessus des toits avec Bruce Willis au volant et le futur qui part en cacahuète.
Sauf que Biou, lui, n’a jamais décollé.
Il a pris racine. Dans le bois, dans les mains, dans l’histoire.
CABESSEOU – 1910, La Seyne-sur-Mer
115 ans au compteur… et pas une ride (bon, sauf quand il se prend une île).
Cabesseou, c’est le pointu d’un fidèle de Lou Capian. Il l’a depuis 20 ans.
Son nom ? Un clin d’œil au cousin de son arrière-grand-père, surnommé "Cabesseou".
Quand sa grand-mère en parlait, lui, gamin, ça le faisait toujours rire.
Alors, un jour, ce mot s’est retrouvé gravé à l’étrave.
Une barque, un souvenir, une histoire familiale.
Mais sa plus belle anecdote ?
Un retour de soirée.
SOLEIADO — 30 ans d’attente… pour un pointu haut en couleurs !
Il en a rêvé pendant trois décennies, de ce pointu.
Mais boulot, valises, rendez-vous aux quatre coins de la carte… Ce n’était jamais le bon moment.
Jusqu’au jour où, enfin, il a dit : maintenant.
Et là, il a fallu choisir.
Le bois, la forme… et les couleurs.
Margot (1923) – L’histoire d’un pointu qu’on a sauvé. Deux fois.
Tu l’aurais vu en 2005, Margot…
Il tirait la coque.
Un pointu abîmé, rincé, prêt à finir en jardinière.
Mais lui, son nouveau propriétaire, il n’a pas vu une épave.
Il a vu une promesse.
Et avec son fils, ils se sont lancés. À deux.
Quatre ans !
Quatre ans de copeaux, de jurons, de moments suspendus.
Petit à petit, ils ont tout refait. Et tout appris.
Capian, jambettes, varangues, bande molle…
PAPY – 1967
Il y a des bateaux qui portent des histoires.
Et d’autres qui les traversent de part en part.
Ce pointu s’appelle Papy.
C’était celui de François.
Professeur sur terre, marin de cœur, pêcheur passionné.
À son bord, il embarquait amis, petits-enfants, souvenirs et cannes à pêche.
Avec toujours le même plaisir simple : partir en mer. Être ensemble. Respirer.
1969, construit par Gabriel Jean, autrefois la Vonette.
En 1980, le père d’Anthony lui donne un nouveau nom : L' Amédée' C,
en hommage à son propre père, dernier gardien du phare du Rouveau.
Le "C", c’est pour Conti — une lignée qui connaît la mer comme on connaît un secret.
Depuis 45 ans, ce pointu appartient à la même famille.
Et ce n’est pas un simple bateau, c’est un trait d’union entre les générations.
Ce pointu, c’est un coffre à souvenirs : des rires, des embruns, des histoires que seuls les silences savent raconter.
La Dorade – née en 1932, et pas prête de raccrocher l’amarre.
Après un petit bain prolongé au port du Morillon (on dira qu’elle testait l’étanchéité), elle a été sauvée par un passionné et restaurée par Capian Marine à La Seyne-sur-Mer.
Transmise ensuite à un nouveau propriétaire, elle a gardé fièrement ses couleurs jaune et verte, en hommage au papa du premier capitaine. Parce que certaines promesses, même salées, tiennent bon.
L'élégance née d'une terrasse
Entre 2001 et 2003, sur une terrasse transformée en chantier naval de fortune, un passionné s’est lancé dans une aventure folle : construire Yoline, de ses propres mains. Pendant deux ans, plan après plan, latte après latte, il façonne sa bette inspirée des régates marseillaises de l’entre-deux-guerres. À ses côtés, Louis Tornato, charpentier de marine à la retraite, veille au grain, conseille, transmet les gestes et l’âme du métier.
Essai transformé (de justesse) des Jackson Five
Ils ont raccroché les crampons…
Mais pas question de raccrocher l’esprit d’équipe.
Cinq anciens du Rugby Club Bruscain se sont reformés.
Même énergie, mêmes éclats de rire, mêmes troisièmes mi-temps — mais cette fois, sur l’eau.
Leur nouvelle équipe ? Les Jackson Five du Brusc.
Un pointu de 6 mètres pour terrain de jeu, des taquets pour ligne d’en-but, et un nom qui swingue.
Il y a des pères qui partent et des bateaux qui restent.
En ce lendemain de fête des pères, on pense à ceux qui ont transmis, sans toujours le dire.
Sur le quai, certains bateaux portent plus que leur nom. Les 2 Frères fait partie de ceux-là. Il a été construit en 1988 par Louis Tornato, ancien charpentier marine, reconverti menuisier par obligation quand les coques en plastique ont envahi les ports. Ce qu’il aimait dans ce nouveau métier, c’était réaliser des escaliers.Pour leur complexité, leur logique, leur beauté cachée.
L'évasion la plus discrète de l'année
Construit en 1962 par le prestigieux chantier Autiero, Lou Pilou n'est pas n'importe quel pointu. C'est un ancien vainqueur de régates, un habitué des podiums et des coups d'éclat. Alors forcément... l'immobilisme à quai, très peu pour lui.
Bienvenue à bord du CAGOU !
Barquette marseillaise construite en 1964, elle vaillant pointue a connu une double vie :
20 ans en mer comme bateau de pêche professionnelle puis 30 ans de pêche loisir à l'Estaque, entre les oursins, les apéros et les parties de bouillabaisse improvisées.
Un rescapé des flammes et des flots.
Acquis en 1978 auprès d'un pêcheur professionnel du Brusc, ce pointu porte un nom d'oiseau... mais a connu un destin de phénix.
Les anciens racontent qu'il aurait pris feu puis sombré au large de la plage du Cros, avant d'être renfloué, restauré, et de reprendre fièrement la mer.
Aujourd'hui encore, le Cormoran glisse sur l'eau, témoin des histoires de pêche, d'écueils et de résilience qui font l'âme de nos bateaux.
Un morceau de patrimoine vivant, un survivant des temps.
UN DESTIN À PILE OU FACE
Il y a 3 ans, La Largade dormait paisiblement... dans un jardin. Oui, un jardin. Plus proche du barbecue que du grand large.
Le destin ? Il s'est joué à pile ou face :
Pile : direction la déchetterie, terminus, tout le monde descend.
Face : reconversion professionnelle, huile de coude, ponçage existentiel et renaissance maritime.
Aujourd'hui nous vous présentons La Nine, pointu de 4,81 m de 1966. Restauré en 2000 par Capian Marine.
Construit pour l'agrément et la plaisance au chantier GABRIEL à Six-Fours (reconnaissable par son Capian "Bélier" , signature du chantier) sur une commande de M. Jouglas autrefois directeur de l'école de Six-Fours. Il s'appelait alors "Jade" .
Pointu de 1922 de 5m. Anecdote du propriétaire : Mon père l'avait échangé contre une voiture...
Il a coulé dans la lagune en 1994 mais il a refait surface pour le grand plaisir de toute la famille. Mon père serait fier de voir son pointu naviguer encore autour des Îles des Embiez et du Rouveau.
Je m'appelle Notre Dame Du Mont Carmel. Je suis une barquette marseillaise de 8,50m de long.
J'ai été conçu et créé par le chantier naval marseillais Nendella pour des pêcheurs siciliens en 1910 et armée pour la pêche.
J'ai perdu ma voile latine dans les années 40 pour un moteur Baudouin DB2 qui démarrait en lançant à la manivelle une roue d'inertie de 300 kilos. J'ai ainsi vécu une première vie dans les ports marseillais.