Margot (1923) – L’histoire d’un pointu qu’on a sauvé. Deux fois.
Tu l’aurais vu en 2005, Margot…
Il tirait la coque.
Un pointu abîmé, rincé, prêt à finir en jardinière.
Mais lui, son nouveau propriétaire, il n’a pas vu une épave.
Il a vu une promesse.
Et avec son fils, ils se sont lancés. À deux.
Quatre ans !
Quatre ans de copeaux, de jurons, de moments suspendus.
Petit à petit, ils ont tout refait. Et tout appris.
Capian, jambettes, varangues, bande molle…
« Aujourd’hui, je parle charpente marine sans Google Traduction »
En 2009, Margot retrouve la mer.
Refait de A à Z, fier, élégant. Prêt à naviguer.
Mais tu connais la mer : quand elle t’aime, elle te teste.
Janvier 2012.
Une vraie tempête. Pas un coup de vent : un démontage du littoral.
Et dans la lagune, Margot rompt son ancre.
Il dérive, cogne, éclate sur les rochers. Il coule.
Et avec lui, un peu du cœur de ceux qui l’avaient sauvé.
Mais quand on a relevé une fois, on recommence.
Six mois de plus. À y croire, encore.
Et Margot revient. Debout. Plus fort. Toujours là.
Jusqu’au fameux jour.
Premier tour après réparation.
Grand soleil, moteur au top, virée tranquille entre Sanary et Le Rouveau.
Mais… il n’avance pas.
Le moteur tourne, l’hélice aussi… mais dans le vide.
Ligne d’arbre mal réglée. Aucune poussée.
Pas un bateau autour. Alors il fait comme avant. Il sort les avirons. Et il rame.
Seul. Sur son pointu tout juste retapé.
Une vedette passe enfin. Il fait signe.
Et on lui dit en rigolant :
« On se disait, ramer avec ce vieux bateau, quel courage ! »
Depuis, tu penses bien… la ligne d’arbre, c’est deux vérifs. Minimum.
Margot, c’est un pointu qu’on a sauvé deux fois.
Parce qu’un homme — et un fils — ont décidé qu’il le méritait.
Et ça, ça vaut tous les classements au patrimoine du monde.
Bienvenue chez Lou Capian, Margot.
Ici, on reconnaît les vrais combats. Et les vraies fidélités.