Le pointu est un bateau de pêche traditionnel de Méditerranée emblématique des petits ports provençaux. S’il fascine par son esthétique colorée et sa silhouette reconnaissable, c’est aussi un exemple remarquable d’artisanat naval transmis de génération en génération.
Caractéristiques techniques
Type de coque : monocoque en bois à double extrémité (étrave et poupe pointues)
Dimensions courantes: longueur de 5 à 9 mètres ; largeur entre 1,80 et 2,50 mètres
Tirant d’eau: faible, entre 0,30 et 0,80 mètre, idéal pour naviguer près des côtes
Stabilité: excellente grâce à une quille profonde et un bon équilibre de masses
Propulsion:
Traditionnelle : voile latine ou rame
Moderne : moteur diesel in-bord, souvent de faible puissance (10 à 20 chevaux)
Fabrication artisanale du pointu
La construction d’un pointu est un travail de charpente navale qui demande précision, patience et savoir-faire. Voici les étapes et éléments clés :
1.Choix du bois
La sélection des essences est cruciale :
Chêne : utilisé pour la quille, les membrures (armature) et l’étrave, pour sa solidité et sa résistance à l’humidité.
Pin ou sapin : souvent utilisé pour le bordé car plus léger et plus facile à travailler.
Teck ou acajou : parfois utilisé pour les finitions ou le pont.
2.Pose de la quille
Laquille, colonne vertébrale du bateau, est la première pièce posée. Elle assure la rigidité longitudinale du pointu. C’est une poutre massive et courbée à l’avant et à l’arrière.
3.Assemblage des membrures
Les membrures sont fixées perpendiculairement à la quille. Elles donnent la forme à la coque. Elles sont souvent courbées à la vapeur pour épouser les formes arrondies du bateau.
4.Bordé
Le bordage consiste à fixer les planches de bois sur les membrures pour former la coque. Celles-ci sont cintrées puis clouées ou chevillées. L’ajustement est très précis pour assurer l’étanchéité.
5. Calfatage
Entre chaque planche, on introduit de lafilasse de chanvreenduite de goudron marin pour calfeutrer (rendre étanche). C’est une étape essentielle pour éviter les infiltrations d’eau.
6. Pont et aménagements
Selon les usages (pêche, promenade), unpont partielpeut être ajouté, ainsi qu’un petit cabanon ou des coffres. Le gouvernail est monté à l’arrière, souvent avec une barre franche.
7. Finition et peinture
Les pointus sont traditionnellement peints avec des couleurs vives (bleu, vert, rouge, jaune), à la fois pour la visibilité en mer et par tradition esthétique. La peinture marine protège aussi le bois du sel et des UV.
Un patrimoine préservé
La fabrication d’un pointu aujourd’hui est rare mais toujours pratiquée par quelques charpentiers de marine passionnés, notamment dans le Var. Des chantiers comme ceux de La Seyne-sur-Mer, de Sanary ou du Brusc perpétuent ces techniques anciennes, parfois avec l’aide d’associations de sauvegarde.
L'évasion la plus discrète de l'année
Construit en 1962 par le prestigieux chantier Autiero, Lou Pilou n'est pas n'importe quel pointu. C'est un ancien vainqueur de régates, un habitué des podiums et des coups d'éclat. Alors forcément... l'immobilisme à quai, très peu pour lui.
Bienvenue à bord du CAGOU !
Barquette marseillaise construite en 1964, elle vaillant pointue a connu une double vie :
20 ans en mer comme bateau de pêche professionnelle
puis 30 ans de pêche loisir à l'Estaque, entre les oursins, les apéros et les parties de bouillabaisse improvisées.
Mais le plus beau reste à venir...
En 2017, ce vétéran de la Méditerranée change de main dans une transaction des plus sérieuses : une bouteille de Ricard et une promesse de lui offrir une seconde vie sur l'eau, à la hauteur de son histoire.
Un rescapé des flammes et des flots
Acquis en 1978 auprès d'un pêcheur professionnel du Brusc, ce pointu porte un nom d'oiseau... mais a connu un destin de phénix.
Les anciens racontent qu'il aurait pris feu puis sombré au large de la plage du Cros, avant d'être renfloué, restauré, et de reprendre fièrement la mer.
Aujourd'hui encore, le Cormoran glisse sur l'eau,
témoin des histoires de pêche, d'écueils et de
résilience qui font l'âme de nos bateaux.
Un morceau de patrimoine vivant, un survivant des temps.
UN DESTIN À PILE OU FACE
Il y a 3 ans, La Largade dormait paisiblement... dans un jardin. Oui, un jardin. Plus proche du barbecue que du grand large.
Le destin ? Il s'est joué à pile ou face :
Pile : direction la déchetterie, terminus, tout le monde descend.
Face : reconversion professionnelle, huile de coude, ponçage existentiel et renaissance maritime.
Heureusement, c'est tombé sur face !
Résultat : 2000 heures de travail, 3 ans de transpiration, de jurons, de copeaux de bois et de passion pour redonner vie à ce pointu
Aujourd'hui nous vous présentons La Nine, pointu de 4,81 m de 1966. Restauré en 2000 par Capian Marine.
Construit pour l'agrément et la plaisance au chantier GABRIEL à Six-Fours (reconnaissable par son Capian "Bélier" , signature du chantier) sur une commande de M. Jouglas autrefois directeur de l'école de Six-Fours. Il s'appelait alors "Jade" .
Pointu de 1922 de 5m. Anecdote du propriétaire : Mon père l'avait échangé contre une voiture... Il a coulé dans la lagune en 1994 mais il a refait surface pour le grand plaisir de toute la famille. Mon père serait fier de voir son pointu naviguer encore autour des Îles des Embiez et du Rouveau.
Je m'appelle Notre Dame Du Mont Carmel. Je suis une barquette marseillaise de 8,50m de long. J'ai été conçu et créé par le chantier naval marseillais Nendella pour des pêcheurs siciliens en 1910 et armée pour la pêche. J'ai perdu ma voile latine dans les années 40 pour un moteur Baudouin DB2 qui démarrait en lançant à la manivelle une roue d'inertie de 300 kilos. J'ai ainsi vécu une première vie dans les ports marseillais.